jeudi 14 octobre 2010

Philippe claudique


Le premier mot qui vient à l'esprit à l'heure de qualifier ce livre, ce serait probablement "déroutant". En plus il est pratique ce mot, ça peut être un reproche comme un compliment. Je m'explique.

L'univers, d'abord. Ce monde futuriste régi par le "hasard", où la désignation du chef (le "maître du jeu") est aléatoire, et où les individus sont répartis en "classes" sans qu'on comprenne trop ce qui les définit s'avère de prime abord enthousiasmant. Enthousiasmant, mais cruellement sous-exploité : le lecteur n'en apprendra guère plus, comme laissé à la porte par un hôte indélicat.

Les personnages ensuite. Globalement survolés, presque baclés (un exemple parmi d'autres : l'auteur passe plus de temps à rappeler qu'un des personnage se promène seins nus qu'à expliciter, ou même effleurer, ses motivations), ils peinent à passionner et même à exister à côté du héros, le seul autorisé à un peu de profondeur.

La nuée de concepts inexpliqués (Minimax, "bouteille",...) qui peinent à se frayer un passage jusqu'à notre entendement (bon je suis peut-être un peu con, et très mal renseigné en théorie des jeux) finit d'achever la bienveillance du lecteur, pourtant émoustillé par des premières pages mystérieuses et prometteuses à souhait.

Achevé, "Loterie Solaire" laisse une impression de gâchis, comme un plat bourré d'ingrédients délicieux mais cuisiné trop vite. Un peu comme si l'auteur n'avait pas su agencer toutes ses bonnes idées, ou que pressé par le temps et le format il n'avait pas pu ou souhaité en extraire toute la moelle.

Bref, il manque bien deux cent pages à ce bouquin, et c'est d'autant plus frustrant qu'on les aurait lues volontiers.

Peut-être est-ce un style qu'on apprivoise, mais ma première expérience K Dickienne s'avère plutôt mitigée.

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Regarde-toi dans une glace et fais comme elle : réfléchis.