vendredi 19 avril 2013

Civis pacem, para bellum

"21 avril. C'est donc la date qu'ils ont choisi pour leur prochain défilé, et c'est peu dire que le symbole leur va bien.

Voilà comment, l’œil vitreux et le sourcil froncé comme le printemps, je commençais cet article véhément (voire furibond (voire véner, disons-le)) et puis je me suis dit qu'en guise de premier bourgeon pour la renaissance (printanière) de ce blog, il y avait moins laid qu'une énième dénonciation des (Béatrice) bourges du Printemps Français.
(c'est bon t'as compris l'analogie printemps/Printemps, ou t'as trouvé ça lourd ?)


Mais je me rends compte que sur le sujet je suis sec. Je voudrais bien défendre le droit des homosexuels à vivre comme ils l'entendent, y compris et s'ils y tiennent en passant six mois de leur vie à stresser sur le plan de table et la température des huîtres pour le buffet-d'après-la-Mairie, mais il parait qu'il ne s'agit pas de ça. Qu'il s'agit de la Famille, qu'il s'agit des Valeurs, et de la Civilisation, et ça c'est quand même des grands mots devant lesquels on ne prend pas la parole à tort et à travers, comme ça, à la pause déjeuner. Pourtant moi aussi j'aime bien les grands mots, je leur colle des majuscules plus souvent qu'à mon tour, la Justice, la Morale, la République, mais la Civilisation, voilà, ça m'intimide. Ça contient tout, la Civilisation. La Religion ? Ouais. L'Histoire ? Pareil. La Science ? Toutes les sciences ? Ouais. La podologie ? La toxicologie ? La numérologie, l'astrologie, la démagogie ? Ouais. Le foie gras et les chips, les LEGO, Radiohead, les bi-bops, le SIDA, la Joconde, les liftings, le foot, les hélicoptères, la file d'attente, les Lolcats, cherche pas, tout ça c'est de la Civilisation. Alors quand des gens sont prêts à affronter avec des poussettes et des costumes chelous les SS et leurs bombes de Zyklon B pour la défendre, faut pas dire n'importe quoi, faut respecter.

Faut les respecter, ces jeunes, ces familles, ces vieux, qui ont toujours rêvé d'être des révoltés, des insurgés, des révolutionnaires, de ceux qui foulent au pied les dogmes bien-pensants et les pavés qui recouvrent la plage, de ceux qui montent sur les barricades le sein et les cheveux au vent pour clamer qu'Ils Ne Passeront Pas, tous ces communards en puissance qui rongeaient leur frein et trompaient leur destin contrarié en jouant avec les oxymores (j'aurais voulu mentionner l'inénarrable site www.lesrevolutionnaires.fr lancé par les Jeunes Pop' à l'époque mais le nom de domaine a semble-t-il et avec un génial à-propos été repris par un marchand de...chaussures. Des ballerines, peut-être.), des lipdubs hippies et des chansons de Michel Sardou, voilà qu'enfin on leur donne l'occasion de vivre sans procuration ces épopées libertaires qu'ils lorgnaient avec envie en 68, peut-être en 2002, ces foules denses et révoltées, joyeuses et déterminées, qui chantent, qui rient, qui s'embrassent et parfois même avant le mariage, l'occasion de se sentir actifs, bouillonnants, vivants, ce qui s'apprécie doublement quand on reçoit deux fois par semaines dans sa villa de Neuilly des prospectus de conventions obsèques.

Bref, les jeunes qui écoutent Tryo en fumant des pétards se sont sentis revivre avec "Indignez-vous", c'est au tour de la vieille France de se voir pousser des ailes à coups d'éditos du Point. On peut, avec le soutien de cette jolie "charité chrétienne" que les bigots oublient plus souvent qu'à leur tour, s'émouvoir en observant ces hommes et femmes, perpétuellement du côté du manche, se donner des coups de pelle de leur propre appareil répressif (moral - les médias, et physique - les CRS) pour se sentir exister. Il faut voir ces députés UMP qui ont toujours voté la police contre la rue, les élites contre le peuple, faire le coup de poing a l'assemblée nationale comme s'ils défendaient rien moins que le sens de leur vie. Il faut entendre les points Godwin, les "assassinats d'enfants", la dénonciation d'une violence d'Etat, d'une dictature, chez ceux qui il y a 50 ans pestaient contre "la chienlit". Le creux s'habille d'outrances pour mieux se dissimuler, et nous n'avons jamais vu un tel abîme.

Mais après la pitié l'émotion, la crainte. Parce qu'on peut légitimement s'effrayer de la violence, essentiellement verbale pour l'instant, mais c'est toujours comme ça que ça commence, dont ils font preuve dès lors qu'on ne brosse pas leurs intuitions dans le sens du poil, dès lors qu'on touche à leur confort moral, pardon, leurs valeurs. Et mesurer ce qu'il faudra de volonté et de souffle pour les convaincre qu'il est moins grave que deux hommes convolent plutôt, excuse my french, que quelques centaines de milliardaires enculent l'humanité.

Mais enfin l'été approche, le soleil brille, glissons si vous le voulez bien et avec volupté du bon côté des choses. L'optimisme voudrait qu'ils se lassent, d'abord parce que le sujet reste trivial quoi qu'ils en disent, et qu'entrer dans la Résistance contre un Mariage, fut-il Pour Tous, c'est le meilleur moyen d'entrer en fanfare dans la postérité des ridicules. On peut aussi espérer que s'impose à eux l'évidence, celle qui sapera leur combat et qui aurait dû même le saper dès ses prémices : les homosexuels existent, ils sont partout, peut être même dans l'enfant (c'est une figure de style) en poussette qu'ils traînent à la #ManifPourTous pour grossir les statistiques. Et que comme pour les femmes et les noirs avant eux l'Histoire aplanira ces conneries, parce que la tolérance et la paix sont, bien avant la famille hétéro-parentale, les conditions de la Civilisation avec un grand C et un petit sourire moqueur à l'encontre des excitations passagères.

mardi 16 avril 2013

Le vide

FLASH INFO SPECIAL - BOSTON, ATTENTATS - USA

Le présentateur : Bonsoir, priorité à l'information ce soir sur notre antenne, suite aux événements de Boston où la confusion règne, et nous sommes avec notre envoyée spéciale sur les lieux, Laurence Haïm, bonjour Laurence, vous êtes sur place, sur la ligne d'arrivée, que se passe-t-il que pouvons nous dire de la situation ?

L'envoyée spéciale : Bonjour François, bonjour à tous, ici à Boston la confusion règne, beaucoup de tension, les gens courent, les visages sont marqués, et, oh, extraordinaire, le Kenyan s'extrait du groupe de tête avec une accélération prodigieuse, quel effort magnifique, c'est incroyable.

Le présentateur : Laurence, Laurence, mais à part ça, à part le marathon, car nous rappelons les événements, des bombes, combien on ne sait pas, ont explosé sur la ligne d'arrivée du marathon de Boston, c'est la panique la confusion règne.

L'envoyée spéciale : Écoutez François c'est une ambiance extraordinaire ici, on sent encore la fumée des explosions, c'est le chaos même si la police s'est rapidement déployé sur les lieux et que beaucoup de gens ici aident du mieux qu'ils peuvent. Je suis d'ailleurs avec Philippe, bonjour Philippe, vous tenez un restaurant tout près d'ici, pouvez vous nous raconter ce que vous avez vécu, en direct, pour nos téléspectateurs ?

Le témoin : Heu, bonjour, alors voilà moi je n'étais pas encore là quand les explosions ont eu lieu, j'étais dans ma voiture, mais j'ai tout de suite entendu à la radio les événements, et quand je suis arrivé je me suis rendu compte que la confusion régnait, beaucoup de gens couraient, et cette odeur de fumée qui piquait les yeux c'est terrible.

Le présentateur : Merci Philippe, merci pour votre émotion, et selon vous qu'en pensent les américains que vous côtoyez tous les jours ici, en direct de Boston ?

Le témoin : Ben, nous n'avons pas eu le temps d'en parler, mais c'est sûr que la confusion règne, les États Unis sont un beau pays et c'est triste de voir ça, surtout un jour de marathon, c'est sûr, et puis ça rappelle le 11 septembre.

Le présentateur : Effectivement, on fait tous, je pense, le parallèle avec les terribles évènements du 11 septembre, merci Philippe, priorité au direct, Laurence, vous êtes au cœur de l'événement, vous nous dites tout sur ces explosions qui ont secoué le marathon de Boston.

L'envoyée spéciale : Oui François, oui, alors vous savez évidemment nous attendons plus d'éléments de la part des officiels, de la poli- J'APPRENDS A L'INSTANT, pardon, que le porte parole de la police fera une intervention dans les prochaines minutes - 

Le présentateur : Merci Laurence vous nous tenez au courant bien sûr en direct de Boston retour au plateau bonjour messieurs, nous sommes avec Alain Bauer, spécialiste du terrorisme international, et Laurent Wauquiez, député de Haute-Loire, voilà, bonjour à tous les deux alors bien sûr, nous sommes tous secoués par ces événements dramatiques mais que pouvons nous en dire, Alain ?

L'expert : Bonjour François, bonjour aux téléspectateurs, alors je crois qu'il faut rester très prudent, nous ne savons pas encore qui pourrait revendiquer cet attentat, nous n'avons pas d'éléments qui nous permettraient de nous orienter vers une piste plutôt qu'une autre, peut être, on pense bien sûr aux musulmans salafistes, forcément avec l'engagement des États Unis pour la démocratie en Afghanistan et les évènements en Syrie, au Moyen-Orient, mais nous sommes à l'heure actuelle dans le flou et bien sûr il faut rester prudent tant que nous n'avons pas davantage d'information en provenance des autorités, on ne peut bien sûr écarter aucune piste.

Le présentateur : Laurent, vous êtes un grand amateur de hamburgers, qu'est ce qu'un expert des États Unis comme vous pense de tout ça ?

Le politique : Merci. Je souhaiterais tout d'abord exprimer mes plus vives condoléances pour les victimes, ce que nous vivons est un drame qui nous touche tous au plus profond de nos âmes et nous sommes tous des américains ce soir.

Le présentateur : Merci Laurent, je le rappelle, des bombes ont explosé sur la ligne d'arrivée du Marathon de Boston, et il y en aurait peut être d'autres, nous n'avons pas encore tous les éléments, il pourrait s'agir d'un attentat du moins c'est ce qu'il semblerait, Laurent, que peut-on retirer de ces premières informations ?

Le politique : Alors évidemment il faut je crois condamner fermement ces actes terroristes, les États Unis sont un pays de liberté et le marathon est une épreuve très difficile, c'est inhumain et barbare de s'y attaquer et bien sûr nos amis américains peuvent compter sur notre soutien indéfectible car dans la douleur il n'y a plus de frontières nous sommes tous solidaires et nous défendrons fermement nos amis américains contre leurs ennemis. Je réclame d'ailleurs au Gouvernement un débat qui me semble fondamental sur la sécurité des épreuves sportives, ainsi que la démission du Premier-Ministre.

Le présentateur : Pardon Laurent, en direct de Boston, Laurence, retour au direct, Laurence vous avez pu assisté à l'instant en direct a l'allocution du porte parole de la police de Boston, Laurence que pouvez-vous nous dire, priorité au direct ?

L'envoyée spéciale : Bonjour alors effectivement François le porte-parole de la police de Boston vient de terminer son allocution qu'il tenait depuis un podium en bois installé face a la mairie à deux pas d'ici et bien sûr le ton était grave et déterminé.

Le présentateur : Merci Laurence, et en savons nous plus sur les événements ?

L'envoyée spéciale : Écoutez Philippe, et je vous retranscris fidèlement les déclarations du porte-parole de la police, il est trop tôt pour tirer quelque conclusion que ce soit de la situation, mais la police travaille activement à éclaircir la situation. Nous avons appris qu'il pourrait y avoir eu plusieurs bombes, dont certaines auraient été désamorcées par la police, à moins qu'il ne s'agisse de l'armée ou d'un canular, nous attendons plus d'informations, mais le porte-parole de la police de Boston nous a annoncé qu'il communiquerait très prochainement sur le sujet, je vous tiens bien sûr au courant dès que j'apprends quelque chose.

Le présentateur : Merci Laurence, on reste avec vous, je le rappelle, en direct de Boston, où, je vous le rappelle, nous venons d'apprendre que la police travaille et que nous en saurons plus très prochainement,  notre chaine se mobilise pour vous informer au plus près des évènements terribles qui viennent d'avoir lieu, je le rappelle, à Boston, en compagnie d'Alain Bauer et Laurent Wauquiez, sur notre tableau, priorité a l'info, en direct, une page de publicité et nous revenons avec nos invités pour débattre des événements terribles qui ont eu lieu à Boston, merci, a tout de suite.