vendredi 24 septembre 2010

For what it's Woerth (2)

Hier, Eric Woerth était l'invité du journal de 20h pour réagir live from ze block aux manifestations organisées par Riri, Fifi et Loulou contre la réforme des retraites qu'il mène d'une main de maître quand elle n'est pas occupée à signer des lettres de recommandation.

Outre les scories habituelles d'un entretien pujadesque, impertinence dévote et questions à côté du vrai sujet, on peut en retenir deux choses :

1- "la mobilisation décélère".

Ô génie des éléments de langage. La mobilisation ne s'essouffle pas, ne diminue pas, ne faiblit pas, elle "décélère". Merveilleuse trouvaille empruntée à la physique, qui permet de donner l'impression de dire que quelque chose ralentit alors que pas du tout. Inutile évidemment de chercher un quelconque souci de "pédagogie" ou de "pragmatisme" (pourtant chers à nos dirigeants) dans le choix de ce mot, il n'a qu'un but et un seul : dissimuler. Mentir. Le peuple (je m'autorise à penser que, vu l'incroyable balai civique dans le cul de la majorité de mes concitoyens, 3 millions de personne qui manifestent dans la rue au prix d'une journée de salaire peuvent légitimement être assimilés au peuple) dit quelque chose, mais plutôt que de l'entendre, on le compte, on lui raconte une connerie et on passe à autre chose. Gouvernements d'éleveurs de bétail, d'arracheurs de dents, dont les cols blancs et les sourires de VRP masquent mal (et pour combien de temps ?) la pourriture.

2- "la réforme est nécessaire". Oui Eric, on te croit. Personne ne dit que la réforme n'est pas nécessaire. En revanche on peut douter que TA réforme soit nécessaire. Nouveau génie de la communication politique, qui veut que la réforme soit nécessairement belle et juste et nécessaire, quelle qu'elle soit et sans s'appesantir sur son contenu. Au mépris des leçons de grammaire niveau CE1, on nous explique donc qu'être contre UNE réforme, c'est être contre LA réforme. Redisons-le alors, puisqu'il faut marteler les évidences au même rythme que le marteau-pilon lobotomisateur que manient sans délicatesse aucune nos amis de la télé :
- réformer les retraites est (peut-être) nécessaire. Cela dépend de l'évolution du chômage et des conditions de vie dans les trente prochaines années (une éternité), mais soit, admettons.
- réformer les retraites est un problème financier. Pas démographique. Financier. Cela fait deux mille ans que l'espérance de vie de l'homme augmente, pas deux ans. En revanche que la dette des Etats soit un objet de spéculation, c'est récent. Et que les agences de notation deviennent puissantes (et tatillonnes) au point de menacer les capacités de financement d'un état, au point de l'obliger à économiser n'importe quoi à court terme pour les "rassurer", c'est récent. Et c'est un scandale, mais ça, pas la peine de le réformer.
- réformer les retraites demande de trouver de l'argent. CETTE réforme fait le choix de le trouver dans les poches de ceux qui travaillent. C'est un choix. Respectable, discutable, mais c'est un choix. Pas une évidence, pas une loi physique incontournable, pas une décision "logique". C'est une décision politique. Et une décision politique qui met des millions de gens dans la rue, elle mérite pour le moins d'être débattue.

Mais non. La réforme est nécessaire. Fermez vos gueules les mongoliens. On vous trouvera bien un truc pour vous redonner le sourire d'ici aux prochaines élections.

Putain de sa mère, si vous me permettez l'expression.

1 commentaire:

Regarde-toi dans une glace et fais comme elle : réfléchis.