Loin de moi l'idée de prêter de mauvaises intentions au FMI et à ses dirigeants, il s'agit d'une respectable institution qui lutte de par le monde pour l'élévation des profits de l'homme et contre la solidarité l'archaïsme soviétique, et on ferait moins les malins si elle n'était pas là pour rassurer nos riches et nos fonds de pension qui, rappelons-le, portent à bout de bras notre économie et incidemment notre bonheur. Mais quand même, parfois je lis des choses, et je tique.
Par exemple, hier, j'ai lu un article rapportant les conclusions d'une étude de l'Institut Montaigne, célèbre club du patronat chapeauté par Claude Bébéar, grand manitou du CAC40. Cette étude, qui se fixe trois objectifs dont celui de "Réduire les rigidités du système" (à savoir un "droit du travail particulièrement contraignant (...) qui crée des effets de seuil sécurisant pour ceux qui sont du bon côté de la barrière (en CDI ou personnels statutaires de la fonction publique"), préconisait pour lutter contre le chômage - et en particulier celui des jeunes - de supprimer le CDD, et de "flexibiliser" le CDI. Cela afin de réduire cette abominable "sécurité de l'emploi" qui nuit tant à la compétitivité de nos entreprises en regard des multinationales chinoises.
Je vous invite à lire le rapport, ou au moins son résumé, il est très joli.
Jusque là tout va bien, pas de raison de tiquer, je suis à peu près au courant des aspirations du MEDEF (et de ses différents think tanks) vis à vis de nos contrats de travail, et plus généralement de tout ce qui peut contrarier l'écrasante domination de l'entreprise sur son salarié. En revanche, ce matin, je lis (je n'arrête pas) un autre article mentionnant une interview d'Olivier Blanchard, "chef économiste du Fond Monétaire International". Celui-ci y félicite la France pour sa réforme "importante" et "substantielle" des retraites, et à 48h d'une nouvelle manifestation contre cette réforme, il me semble effectivement important de rappeler que les gens sérieux avec des cravates s'en félicitent, et qu'il n'est plus très sérieux d'aller souffler dans des vuvuzuelas sur le Boulevard Voltaire.
Mais surtout, notre chef économiste du monde enchaîne sur la nécessité d'une "réforme de l'emploi des jeunes". La solution ? "Selon lui, le système «dual» actuel avec des contrats à durée indéterminée (CDI) et déterminée (CDD) «ne bénéficie pas aux jeunes» et doit être rendu «plus égal».". Dis-donc, ça ressemble un peu aux propositions de l'Institut Montaigne ça, non ? C'est fou comme les grands esprits se rencontrent : le MEDEF dit qu'il faut réformer le contrat de travail, alors que dans le même temps, le FMI dit qu'il faut réformer le contrat de travail.
Attention, rien ne dit que le FMI souhaite, au même titre que le MEDEF, "plus de flexibilité". Peut-être recommande-t-il à l'inverse une réforme du contrat de travail favorable au salarié, afin de réintroduire un peu d'équilibre dans la relation entre salariés et employeurs.
Ne nous inquiétons pas, nulle doute que s'organisera prochainement un débat responsable et ouvert sur le sujet, au même titre que celui sur l'importante et substantielle réforme des retraites.
Par exemple, hier, j'ai lu un article rapportant les conclusions d'une étude de l'Institut Montaigne, célèbre club du patronat chapeauté par Claude Bébéar, grand manitou du CAC40. Cette étude, qui se fixe trois objectifs dont celui de "Réduire les rigidités du système" (à savoir un "droit du travail particulièrement contraignant (...) qui crée des effets de seuil sécurisant pour ceux qui sont du bon côté de la barrière (en CDI ou personnels statutaires de la fonction publique"), préconisait pour lutter contre le chômage - et en particulier celui des jeunes - de supprimer le CDD, et de "flexibiliser" le CDI. Cela afin de réduire cette abominable "sécurité de l'emploi" qui nuit tant à la compétitivité de nos entreprises en regard des multinationales chinoises.
Je vous invite à lire le rapport, ou au moins son résumé, il est très joli.
Jusque là tout va bien, pas de raison de tiquer, je suis à peu près au courant des aspirations du MEDEF (et de ses différents think tanks) vis à vis de nos contrats de travail, et plus généralement de tout ce qui peut contrarier l'écrasante domination de l'entreprise sur son salarié. En revanche, ce matin, je lis (je n'arrête pas) un autre article mentionnant une interview d'Olivier Blanchard, "chef économiste du Fond Monétaire International". Celui-ci y félicite la France pour sa réforme "importante" et "substantielle" des retraites, et à 48h d'une nouvelle manifestation contre cette réforme, il me semble effectivement important de rappeler que les gens sérieux avec des cravates s'en félicitent, et qu'il n'est plus très sérieux d'aller souffler dans des vuvuzuelas sur le Boulevard Voltaire.
Mais surtout, notre chef économiste du monde enchaîne sur la nécessité d'une "réforme de l'emploi des jeunes". La solution ? "Selon lui, le système «dual» actuel avec des contrats à durée indéterminée (CDI) et déterminée (CDD) «ne bénéficie pas aux jeunes» et doit être rendu «plus égal».". Dis-donc, ça ressemble un peu aux propositions de l'Institut Montaigne ça, non ? C'est fou comme les grands esprits se rencontrent : le MEDEF dit qu'il faut réformer le contrat de travail, alors que dans le même temps, le FMI dit qu'il faut réformer le contrat de travail.
Attention, rien ne dit que le FMI souhaite, au même titre que le MEDEF, "plus de flexibilité". Peut-être recommande-t-il à l'inverse une réforme du contrat de travail favorable au salarié, afin de réintroduire un peu d'équilibre dans la relation entre salariés et employeurs.
Ne nous inquiétons pas, nulle doute que s'organisera prochainement un débat responsable et ouvert sur le sujet, au même titre que celui sur l'importante et substantielle réforme des retraites.
Si les esprits des "grands" ("dodus" serait plus juste) de ce monde orientaient volontairement leurs actions vers une séparation toujours plus nette des privilèges, il est certain qu'attaquer le salaire par ces deux extrémités (soit les "jeunes" et les "vieux") serait un moyen tout trouvé.
RépondreSupprimerA ce titre, l'analyse de Bernard Friot sur la victimisation forcée des franges soit-disant les plus faibles et exposées de la population est éclairante : http://www.dailymotion.com/heleneman