vendredi 18 mars 2011

J'irai Baverez sur vos tombes

Victime une nouvelle fois de mon absolu manque de timing, ni Marine Le Pen ni le nucléaire ne sont les sujets de ce billet.

La France a un gros problème. Comme toi, cher lecteur, je pensais que ce problème, c'était les arabes. Mais je me trompais. Après, j'ai pensé tiens, si c'est pas les arabes, c'est peut-être les musulmans. Les Quick Hallal, les prières dans la rue, les burqas, le terrorisme, c'est vrai que c'est du lourd. Plutôt serein devant cette hypothèse pour le moins crédible, j'ouvre le Point et me délecte de l'éditorial de Claude Imbert, très bon indicateur du sens du vent. Son titre ? "Islam : le temps, la patience et la loi". Putain, je le savais, me dis-je in petto. C'est alors que mon oeil dérive (et ta soeur elle a un strabisme ?) vers une tribune voisine, celle de Nicolas Baverez, intitulée "L'ISF ou l'Impôt du Sabordage Français". Mis en appétit par ce titre mutin, je m'y plonge avec attention. J'en ressors quelques minutes plus tard, soufflé : mais bordel, le vrai problème français, c'est pas les métèques, c'est l'ISF !

Au début j'étais dubitatif, je ne voyais pas tellement comment un impôt qui touche moins d'un centième de la population française, et pas la plus malheureuse, pouvait à ce point plomber l'avenir de notre beau pays, mais heureusement, Nicolas Baverez m'a decillé. C'est vraiment une saloperie, cet impôt (berk) de solidarité (berk) sur la fortune (coooool).

Premier argument : la France est la seule à le faire. Ben ouais. Qu'est ce qu'elle fait, la France, que les autres ne font pas ? Bouffer des grenouilles, guillotiner ses rois, donner aux rues des noms de poète plutôt que des numéros ? C'est pas comme ça qu'on va résister à la Chine, bande de biknits.

Second argument : Il coute cher. Moi j'étais persuadé que l'impôt c'était fait pour rapporter de l'argent à l'Etat, mais là non. Il rapporterait 3 milliards par an (un trentième des bénéfices du CAC40, pour se faire une idée), mais en couterait 4 ou 5 fois plus. Comment se fait-ce ? Hé bien parce qu'il "contraint à l'exil plusieurs dizaines de milliers de français". Hé ouais. Difficile de croire qu'un impôt puisse se montrer aussi cruel avec les gens, mais si, il les chasse du pays. Et puis il chasse pas n'importe qui. Parce que dix mille mecs qui rapporteraient 12 milliards par an, ça te fait du 1,2 millions d'euro par tête. Une coquette somme, on comprend que ces gens là préfèrent l'investir dans un billet de train vers la Suisse.

Troisième argument : Sa mécanique est "prédatrice", ses taux "confiscatoires" (bon si là t'es pas convaincu, Nico Baverez peut plus rien faire pour toi). Du coup le gouvernement (qui est responsable) est contraint de lui tisser maints aménagements ("exonération de l'outil de travail et des oeuvres d'art ; abattement sur la résidence principale ; plafonnement puis déplafonnement du plafonnement ; bouclier fiscal fixé à 60 % puis 50 %", tout ce qu'il peut pour sauver les ménages dans le besoin d'une misère annoncée) pour que les gens reviennent. Bon, ils ne reviennent pas, mais c'est simplement qu'on ne l'aménage pas assez.

Normalement, arrivé là, on est obligé de partager le constat de Nicolas : "L'imposition du patrimoine doit être repensée au sein d'une réforme fiscale globale privilégiant la production et tenant compte de la concurrence internationale, à moins de faire de tous les Français des Johnny Hallyday" (ce qui serait pour le moins pénible, difficile de le nier).

Nicolas se désole d'ailleurs que le gouvernement ne semble pas prendre réellement conscience de cette menace hallidaysque qui pèse sur nous. Oh, bien sûr, il s'est saisi du problème (ici ou ), on n'est pas gouverné par des abrutis quand même. Mais il fait preuve d'une coupable modération. Alors qu'on aurait mieux fait de rendre tout de suite leur argent à ces gens qui s'exilent, voilà qu'il propose, par exemple (attention, tes yeux vont saigner) :
- de taxer la hausse du patrimoine immobilier à hauteur de 19%
- de taxer la hausse des revenus d'assurance vie à la même hauteur de 19%

Imagine. T'as une petite maison, par exemple une villa à Nice. A coté, t'as mis de côté un petit million d'euros en assurance-vie pour que tes enfants n'aient pas à travailler à la mine pour payer leur école de commerce. Si tu gagnes 1000 euros à la sueur de ta maison et de ta banque, il ne t'en reste que 810. PUTAIN MAIS COMMENT TU VEUX BOUFFER AVEC CES CHAROGNARDS BOLCHEVIQUES QUI TE POMPENT TOUT ?

C'est pas Mozart qu'on assassine, c'est Crésus.

Bon évidemment, d'aucun pourrait arguer que c'est le principe de l'impôt de prendre de l'argent aux gens, non pas pour le leur voler mais pour leur maintenir une qualité de vie, qu'ils n'auraient probablement pas au Mozambique (heureux paradis où l'ISF n'existe pas). On pourrait également souligner que prendre 20% de ses rentes à un mec qui n'a strictement rien fait d'autre que d'attendre que son argent produise de l'argent, ce n'est pas exactement "confiscatoire".
L'ISF (renseignez-vous ici) ayant pour objectif premier de restreindre la rente, difficile de s'étonner que les clercs de ce "capitalisme familial" - qui s'irrigue d'une richesse consanguine malgré toutes les fables sur le "mérite" dont il nous abreuve -  le dénoncent à longueur d'éditorial.

Tiens, une statistique amusante : la deuxième ville comptant le plus d'assujettis à cet impôt, après la capitale et devant Lyon ou Marseille est...Neuilly, fief d'un mec que tu connais certainement. Ô délicat toucher du hasard qui de ses longs doigts blancs effleure l'obscurité du monde.

On peut en revanche lever un sourcil perplexe devant l'action du gouvernement  qui, à l'heure où les économies se font de petits millions d'euros  en petits millions d'euros (suppressions de postes dans les hopitaux, la Poste, l'Education Nationale, etc...), décide de se priver de 3 milliards (somme certainement sous-estimée par la fraude fiscale, puisque l'ISF est auto-déclaré) de recette au prétexte qu'ils feraient "fuir" qui que ce soit, touchante sollicitude de la part d'hommes politiques d'ordinaire plus portés sur le bâton que sur la carotte.

De là à s'imaginer qu'il s'agit d'une nouvelle mesure destinée, sous couvert d'intérêt national claironné par des penseurs du niveau de Nicolas Baverez, à filer encore un peu plus de thunes aux fortunes privées plutôt qu'à l'Etat, et incidemment, à tous, il n'y a qu'un pas que je franchis à pieds joints.

Splash, fait la boue visqueuse de l'idéologie dominante.

PS : le Front National réclame depuis des années la suppression de cet impôt, de même que celle de l'impôt sur le revenu. Tout ne les oppose donc pas à nos amis de l'UMP.

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