Salut lecteur,
Comme tu n'ignores pas de le savoir (ou alors tu n'es pas très patriote), le chef des tas s'adressera ce soir à la Nation par le biais de la petite lucarne. Pour cela, il répondra tout d'abord aux questions (virulentes mais polies) de Laurence Ferrari, avant d'être confronté à un panel de français qui lui poseront des questions tranchantes de la vraie vie, le tout avec Jean-Pierre Pernaud en monsieur Loyal (et pour le coup, tu te doutes que cet épithète lui colle à la peau).
Demeurait donc jusqu'à récemment la surprise du contenu de ce panel, qu'on devinait plein de ces clichés sans nuance que la télé adore : le prof gauchiste, le danseur homosexuel, le jeune de cité arabe à casquette, le noir polygame, l'entrepreneur avec des lunettes parce qu'il est sérieux, jusqu'à la ménagère femme au foyer avec une robe à carreaux et un mari un peu rougeaud.
Le casting est tombé ce matin, et il est globalement...heu...télévisuel. Rue89 le détaille ici. L'article précise, à l'unisson des milliards d'autres qui évoquent le grand raout qui va rythmer notre lundi soir, que "TF1 assure que Sarkozy n'est pas informé de la teneur des questions". Qu'on comprenne bien que c'est une soirée sans filet, et que c'est muni de ses seules couilles en titane et de son bon sens proverbial que le chef de l'état va se présenter ce soir face aux vrais gens.
Bon. Je ne suis pas le chef de l'Etat. Mes testicules sont somme toute, et bien malgré moi, d'une consistance assez éloignée du béton, et mon bon sens est tout relatif puisque je vote à gauche. TF1 ne m'a pas informé de la teneur des questions. Néanmoins, je me risque à un petit pronostic quant aux préoccupations de nos Français de la télé.
1- La paysanne. Elle dira que la terre c'est important, que la vie c'est dur, et que les aides y en a pas assez.
Sarkozy dira que oui c'est vrai, que la terre c'est la France et que le travail, ô oui madame, votre travail est le ciment de notre grande Nation. Et que pour la PAC, on va s'arranger hors antenne, clin d'oeil clin d'oeil.
2- L'employé d'une société de nettoyage. Père de 5 enfants, habitant villiers-le-bel, noir. Va parler de la banlieue qu'il faut respecter parce qu'il n'y a pas que de la violence, des discriminations et du pouvoir d'achat.
Sarkozy dira que la France c'est la fraternité, qu'il s'engage à mettre en prison toutes les discriminations (d'ailleurs un rapport de la HALDE blablabla), et que la banlieue c'est, avec le travail de ses immigrés méritants, le ciment de notre grande Nation.
3- Le retraité, qui doit travailler pour boucler ses fins de mois. Il va dire que c'est dur, que les retraites c'est pas assez et que l'emploi des seniors il y en a pas beaucoup.
Sarkozy dira que oui il comprend, et que les seniors c'est le ciment de notre grande Nation. Que d'ailleurs il faut favoriser l'emploi de ceux qui veulent travailler après 65 ans parce que OUI MONSIEUR IL Y EN A QUI VEULENT ET QUE C'EST CRIMINEL DE LES EMPECHER. Et il dira que c'est normal, c'est du bon sens, qu'il est impératif de réfléchir ENSEMBLE, avec le parti socialiste et les partenaires sociaux, à l'extension de l'âge de la retraite qui est un geste de solidarité.
4- Une mère de famille, qui n'a pas beaucoup d'argent. Elle dira que les prix ils sont chers et que c'est pas facile.
Sarkozy il dira que c'est vrai que c'est pas facile, et que c'est pour ça qu'il va donner des chèques emploi-service à toutes les mères de famille. Et qu'il n'augmentera pas les impots, et qu'il y a la prime à la casse, et que les prix il va les mettre en prison s'ils augmentent.
5- Une étudiante, maghrébine (genre ça existe, hé ho, la télé, t'exagères, tu regardes pas TF1 ou quoi ?). Elle dira que l'université il manque des profs et des moyens et que y en a marre de pas avoir de boulot après.
Sarkozy il dira que bien sûr, et que les étudiants c'est le ciment de notre grande Nation. Il expliquera que pour les moyens des universités, il a souhaité qu'elles deviennent indépendantes pour avoir plus d'argent et puis aussi pour être plus professionalisantes. Et il a aussi fait des bourses pour les élèves qui sont pauvres (parce que les maghrébins sont pauvres, donc ça les concerne). Peut-être un petit couplet sur la discrimination et l'égalité des chances.
6- Le patron d'une PME du Nord. Il dira que les taxes franchement, hein, et puis que les salaires des grands patrons y en a marre et que surtout les impots.
Sarkozy dira que ah mais que monsieur je vous lève mon chapeau, c'est grâce à vous que notre grande Nation est si bien cimentée. Parce que vous osez, vous avez pris des risques, vous êtes un français qui entreprend et c'est comme ça qu'on aime les français. Et regardez la suppression de la taxe professionnelle, c'est pour vous aider. Et les patrons qui sont trop payés, et les traders qui gaspillent, je vais te me les faire que tu vas pas les retrouver entiers. Petite blague sur Dany Boon.
7- Un professeur d'économie en lycée. Rue89 précise qu'il va parler...d'insécurité. Ok la prochaine fois on prend un flic pour aborder la couche d'ozone aussi. Bon bah il dira que y en a marre du manque de moyen et des lycées zones de non-droit.
Sarkozy il répondra que bien sûr évidemment monsieur, enfin, vous pensez bien que je n'ai pas été élu pour laisser faire. Des policiers dans chaque lycée, pour fouiller chaque poche de chaque arabe, on sait qu'ils cachent souvent des couteaux dans leur poche, vous avez lu Camus n'est-ce pas ? Et des moyens pour tous les lycées de ZEP.
8- Un chômeur. Lui il va dire que Proglio c'est dégueulasse et que les banques le dégoute, et les délocalisations de Clio en Turquie aussi.
Sarkozy, il va le regarder droit dans les yeux, et il va lui dire, hé, toi, tu veux travailler, je le vois bien, t'es pas comme toutes ces feignasses gavées au RMI. Et comme tu veux travailler, tu vas travailler. Parce que je vais pas laisser partir nos industries dans des pays plein d'étrangers, et que la JUSTICE SOCIALE c'est important et que les patrons t'inquiètent ils vont marcher au pas. Tu connais le RSA sinon ?
9- Le syndicaliste breton. ZI ATTRAKCHEUNE. Qui a préparé depuis toute la semaine LA phrase qu'il va envoyer à Sarkozy pour le défoncer. Genre "Hé, toi, tu sais que t'es même pas gentil avec les ouvriers comme par exemple Gandrange où t'as menti ?".
Sarkozy est, je vous rappelle qu'il n'est pas tenu au courant des questions, absolument pris de court par cette charge violente. Il s'indigne, il s'émeut, il dit mais oui mais monsieur, l'Etat s'engage, je m'engage, je suis du côté des travailleurs et des français qui travaillent et les entreprises et tout, je leur botte le cul, et que t'inquiète je suis comme toi, je me bats pour mes pairs, on est pareil hein, allez copain une petite blague pour la proximité et la suite.
Je connais pas les autres, mais je mise une piécette sur un musulman qui se sent offensé (alors que non mon ami, j'aime ta religion, je t'aime, tu es mon ami), sur un routier sympa et sur un handicapé qui souffre parce que les métros ils sont pas faits pour les fauteuils (mais t'inquiète, Chantal Jouanno elle a prévu d'inventer la roue prochainement). Je peux d'ores et déjà t'annoncer qu'il n'y aura pas de magistrat, ni de chercheur, ni de policier qui en a marre de reconduire à la frontière, parce que le vrai français, il pose les VRAIES questions, il n'alimente pas des polémiques stériles et rétrogrades ad hominem de soviétiques.
Voilà. Du compassionnel, de la proximité, de l'oeillade gaillarde et du bon sentiment nationaliste, le tout agrémenté d'un superbe passe-plat bien habillé et d'une réalisation qui filme par en bas pour qu'on ait l'air plus présidentiel.
Allez courage Nico, ce n'est qu'un mauvais moment à passer.
Comme tu n'ignores pas de le savoir (ou alors tu n'es pas très patriote), le chef des tas s'adressera ce soir à la Nation par le biais de la petite lucarne. Pour cela, il répondra tout d'abord aux questions (virulentes mais polies) de Laurence Ferrari, avant d'être confronté à un panel de français qui lui poseront des questions tranchantes de la vraie vie, le tout avec Jean-Pierre Pernaud en monsieur Loyal (et pour le coup, tu te doutes que cet épithète lui colle à la peau).
Demeurait donc jusqu'à récemment la surprise du contenu de ce panel, qu'on devinait plein de ces clichés sans nuance que la télé adore : le prof gauchiste, le danseur homosexuel, le jeune de cité arabe à casquette, le noir polygame, l'entrepreneur avec des lunettes parce qu'il est sérieux, jusqu'à la ménagère femme au foyer avec une robe à carreaux et un mari un peu rougeaud.
Le casting est tombé ce matin, et il est globalement...heu...télévisuel. Rue89 le détaille ici. L'article précise, à l'unisson des milliards d'autres qui évoquent le grand raout qui va rythmer notre lundi soir, que "TF1 assure que Sarkozy n'est pas informé de la teneur des questions". Qu'on comprenne bien que c'est une soirée sans filet, et que c'est muni de ses seules couilles en titane et de son bon sens proverbial que le chef de l'état va se présenter ce soir face aux vrais gens.
Bon. Je ne suis pas le chef de l'Etat. Mes testicules sont somme toute, et bien malgré moi, d'une consistance assez éloignée du béton, et mon bon sens est tout relatif puisque je vote à gauche. TF1 ne m'a pas informé de la teneur des questions. Néanmoins, je me risque à un petit pronostic quant aux préoccupations de nos Français de la télé.
1- La paysanne. Elle dira que la terre c'est important, que la vie c'est dur, et que les aides y en a pas assez.
Sarkozy dira que oui c'est vrai, que la terre c'est la France et que le travail, ô oui madame, votre travail est le ciment de notre grande Nation. Et que pour la PAC, on va s'arranger hors antenne, clin d'oeil clin d'oeil.
2- L'employé d'une société de nettoyage. Père de 5 enfants, habitant villiers-le-bel, noir. Va parler de la banlieue qu'il faut respecter parce qu'il n'y a pas que de la violence, des discriminations et du pouvoir d'achat.
Sarkozy dira que la France c'est la fraternité, qu'il s'engage à mettre en prison toutes les discriminations (d'ailleurs un rapport de la HALDE blablabla), et que la banlieue c'est, avec le travail de ses immigrés méritants, le ciment de notre grande Nation.
3- Le retraité, qui doit travailler pour boucler ses fins de mois. Il va dire que c'est dur, que les retraites c'est pas assez et que l'emploi des seniors il y en a pas beaucoup.
Sarkozy dira que oui il comprend, et que les seniors c'est le ciment de notre grande Nation. Que d'ailleurs il faut favoriser l'emploi de ceux qui veulent travailler après 65 ans parce que OUI MONSIEUR IL Y EN A QUI VEULENT ET QUE C'EST CRIMINEL DE LES EMPECHER. Et il dira que c'est normal, c'est du bon sens, qu'il est impératif de réfléchir ENSEMBLE, avec le parti socialiste et les partenaires sociaux, à l'extension de l'âge de la retraite qui est un geste de solidarité.
4- Une mère de famille, qui n'a pas beaucoup d'argent. Elle dira que les prix ils sont chers et que c'est pas facile.
Sarkozy il dira que c'est vrai que c'est pas facile, et que c'est pour ça qu'il va donner des chèques emploi-service à toutes les mères de famille. Et qu'il n'augmentera pas les impots, et qu'il y a la prime à la casse, et que les prix il va les mettre en prison s'ils augmentent.
5- Une étudiante, maghrébine (genre ça existe, hé ho, la télé, t'exagères, tu regardes pas TF1 ou quoi ?). Elle dira que l'université il manque des profs et des moyens et que y en a marre de pas avoir de boulot après.
Sarkozy il dira que bien sûr, et que les étudiants c'est le ciment de notre grande Nation. Il expliquera que pour les moyens des universités, il a souhaité qu'elles deviennent indépendantes pour avoir plus d'argent et puis aussi pour être plus professionalisantes. Et il a aussi fait des bourses pour les élèves qui sont pauvres (parce que les maghrébins sont pauvres, donc ça les concerne). Peut-être un petit couplet sur la discrimination et l'égalité des chances.
6- Le patron d'une PME du Nord. Il dira que les taxes franchement, hein, et puis que les salaires des grands patrons y en a marre et que surtout les impots.
Sarkozy dira que ah mais que monsieur je vous lève mon chapeau, c'est grâce à vous que notre grande Nation est si bien cimentée. Parce que vous osez, vous avez pris des risques, vous êtes un français qui entreprend et c'est comme ça qu'on aime les français. Et regardez la suppression de la taxe professionnelle, c'est pour vous aider. Et les patrons qui sont trop payés, et les traders qui gaspillent, je vais te me les faire que tu vas pas les retrouver entiers. Petite blague sur Dany Boon.
7- Un professeur d'économie en lycée. Rue89 précise qu'il va parler...d'insécurité. Ok la prochaine fois on prend un flic pour aborder la couche d'ozone aussi. Bon bah il dira que y en a marre du manque de moyen et des lycées zones de non-droit.
Sarkozy il répondra que bien sûr évidemment monsieur, enfin, vous pensez bien que je n'ai pas été élu pour laisser faire. Des policiers dans chaque lycée, pour fouiller chaque poche de chaque arabe, on sait qu'ils cachent souvent des couteaux dans leur poche, vous avez lu Camus n'est-ce pas ? Et des moyens pour tous les lycées de ZEP.
8- Un chômeur. Lui il va dire que Proglio c'est dégueulasse et que les banques le dégoute, et les délocalisations de Clio en Turquie aussi.
Sarkozy, il va le regarder droit dans les yeux, et il va lui dire, hé, toi, tu veux travailler, je le vois bien, t'es pas comme toutes ces feignasses gavées au RMI. Et comme tu veux travailler, tu vas travailler. Parce que je vais pas laisser partir nos industries dans des pays plein d'étrangers, et que la JUSTICE SOCIALE c'est important et que les patrons t'inquiètent ils vont marcher au pas. Tu connais le RSA sinon ?
9- Le syndicaliste breton. ZI ATTRAKCHEUNE. Qui a préparé depuis toute la semaine LA phrase qu'il va envoyer à Sarkozy pour le défoncer. Genre "Hé, toi, tu sais que t'es même pas gentil avec les ouvriers comme par exemple Gandrange où t'as menti ?".
Sarkozy est, je vous rappelle qu'il n'est pas tenu au courant des questions, absolument pris de court par cette charge violente. Il s'indigne, il s'émeut, il dit mais oui mais monsieur, l'Etat s'engage, je m'engage, je suis du côté des travailleurs et des français qui travaillent et les entreprises et tout, je leur botte le cul, et que t'inquiète je suis comme toi, je me bats pour mes pairs, on est pareil hein, allez copain une petite blague pour la proximité et la suite.
Je connais pas les autres, mais je mise une piécette sur un musulman qui se sent offensé (alors que non mon ami, j'aime ta religion, je t'aime, tu es mon ami), sur un routier sympa et sur un handicapé qui souffre parce que les métros ils sont pas faits pour les fauteuils (mais t'inquiète, Chantal Jouanno elle a prévu d'inventer la roue prochainement). Je peux d'ores et déjà t'annoncer qu'il n'y aura pas de magistrat, ni de chercheur, ni de policier qui en a marre de reconduire à la frontière, parce que le vrai français, il pose les VRAIES questions, il n'alimente pas des polémiques stériles et rétrogrades ad hominem de soviétiques.
Voilà. Du compassionnel, de la proximité, de l'oeillade gaillarde et du bon sentiment nationaliste, le tout agrémenté d'un superbe passe-plat bien habillé et d'une réalisation qui filme par en bas pour qu'on ait l'air plus présidentiel.
Allez courage Nico, ce n'est qu'un mauvais moment à passer.
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Regarde-toi dans une glace et fais comme elle : réfléchis.