"21 avril. C'est donc la date qu'ils ont choisi pour leur prochain défilé, et c'est peu dire que le symbole leur va bien."
Voilà comment, l’œil vitreux et le sourcil froncé comme le printemps, je commençais cet article véhément (voire furibond (voire véner, disons-le)) et puis je me suis dit qu'en guise de premier bourgeon pour la renaissance (printanière) de ce blog, il y avait moins laid qu'une énième dénonciation des (Béatrice) bourges du Printemps Français.
(c'est bon t'as compris l'analogie printemps/Printemps, ou t'as trouvé ça lourd ?)
Mais je me rends compte que sur le sujet je suis sec. Je voudrais bien défendre le droit des homosexuels à vivre comme ils l'entendent, y compris et s'ils y tiennent en passant six mois de leur vie à stresser sur le plan de table et la température des huîtres pour le buffet-d'après-la-Mairie, mais il parait qu'il ne s'agit pas de ça. Qu'il s'agit de la Famille, qu'il s'agit des Valeurs, et de la Civilisation, et ça c'est quand même des grands mots devant lesquels on ne prend pas la parole à tort et à travers, comme ça, à la pause déjeuner. Pourtant moi aussi j'aime bien les grands mots, je leur colle des majuscules plus souvent qu'à mon tour, la Justice, la Morale, la République, mais la Civilisation, voilà, ça m'intimide. Ça contient tout, la Civilisation. La Religion ? Ouais. L'Histoire ? Pareil. La Science ? Toutes les sciences ? Ouais. La podologie ? La toxicologie ? La numérologie, l'astrologie, la démagogie ? Ouais. Le foie gras et les chips, les LEGO, Radiohead, les bi-bops, le SIDA, la Joconde, les liftings, le foot, les hélicoptères, la file d'attente, les Lolcats, cherche pas, tout ça c'est de la Civilisation. Alors quand des gens sont prêts à affronter avec des poussettes et des costumes chelous les SS et leurs bombes de Zyklon B pour la défendre, faut pas dire n'importe quoi, faut respecter.
Faut les respecter, ces jeunes, ces familles, ces vieux, qui ont toujours rêvé d'être des révoltés, des insurgés, des révolutionnaires, de ceux qui foulent au pied les dogmes bien-pensants et les pavés qui recouvrent la plage, de ceux qui montent sur les barricades le sein et les cheveux au vent pour clamer qu'Ils Ne Passeront Pas, tous ces communards en puissance qui rongeaient leur frein et trompaient leur destin contrarié en jouant avec les oxymores (j'aurais voulu mentionner l'inénarrable site www.lesrevolutionnaires.fr lancé par les Jeunes Pop' à l'époque mais le nom de domaine a semble-t-il et avec un génial à-propos été repris par un marchand de...chaussures. Des ballerines, peut-être.), des lipdubs hippies et des chansons de Michel Sardou, voilà qu'enfin on leur donne l'occasion de vivre sans procuration ces épopées libertaires qu'ils lorgnaient avec envie en 68, peut-être en 2002, ces foules denses et révoltées, joyeuses et déterminées, qui chantent, qui rient, qui s'embrassent et parfois même avant le mariage, l'occasion de se sentir actifs, bouillonnants, vivants, ce qui s'apprécie doublement quand on reçoit deux fois par semaines dans sa villa de Neuilly des prospectus de conventions obsèques.
Bref, les jeunes qui écoutent Tryo en fumant des pétards se sont sentis revivre avec "Indignez-vous", c'est au tour de la vieille France de se voir pousser des ailes à coups d'éditos du Point. On peut, avec le soutien de cette jolie "charité chrétienne" que les bigots oublient plus souvent qu'à leur tour, s'émouvoir en observant ces hommes et femmes, perpétuellement du côté du manche, se donner des coups de pelle de leur propre appareil répressif (moral - les médias, et physique - les CRS) pour se sentir exister. Il faut voir ces députés UMP qui ont toujours voté la police contre la rue, les élites contre le peuple, faire le coup de poing a l'assemblée nationale comme s'ils défendaient rien moins que le sens de leur vie. Il faut entendre les points Godwin, les "assassinats d'enfants", la dénonciation d'une violence d'Etat, d'une dictature, chez ceux qui il y a 50 ans pestaient contre "la chienlit". Le creux s'habille d'outrances pour mieux se dissimuler, et nous n'avons jamais vu un tel abîme.
Mais aprèsla pitié l'émotion, la crainte. Parce qu'on peut légitimement s'effrayer de la violence, essentiellement verbale pour l'instant, mais c'est toujours comme ça que ça commence, dont ils font preuve dès lors qu'on ne brosse pas leurs intuitions dans le sens du poil, dès lors qu'on touche à leur confort moral, pardon, leurs valeurs. Et mesurer ce qu'il faudra de volonté et de souffle pour les convaincre qu'il est moins grave que deux hommes convolent plutôt, excuse my french, que quelques centaines de milliardaires enculent l'humanité.
Mais enfin l'été approche, le soleil brille, glissons si vous le voulez bien et avec volupté du bon côté des choses. L'optimisme voudrait qu'ils se lassent, d'abord parce que le sujet reste trivial quoi qu'ils en disent, et qu'entrer dans la Résistance contre un Mariage, fut-il Pour Tous, c'est le meilleur moyen d'entrer en fanfare dans la postérité des ridicules. On peut aussi espérer que s'impose à eux l'évidence, celle qui sapera leur combat et qui aurait dû même le saper dès ses prémices : les homosexuels existent, ils sont partout, peut être même dans l'enfant (c'est une figure de style) en poussette qu'ils traînent à la #ManifPourTous pour grossir les statistiques. Et que comme pour les femmes et les noirs avant eux l'Histoire aplanira ces conneries, parce que la tolérance et la paix sont, bien avant la famille hétéro-parentale, les conditions de la Civilisation avec un grand C et un petit sourire moqueur à l'encontre des excitations passagères.
Mais après
Mais enfin l'été approche, le soleil brille, glissons si vous le voulez bien et avec volupté du bon côté des choses. L'optimisme voudrait qu'ils se lassent, d'abord parce que le sujet reste trivial quoi qu'ils en disent, et qu'entrer dans la Résistance contre un Mariage, fut-il Pour Tous, c'est le meilleur moyen d'entrer en fanfare dans la postérité des ridicules. On peut aussi espérer que s'impose à eux l'évidence, celle qui sapera leur combat et qui aurait dû même le saper dès ses prémices : les homosexuels existent, ils sont partout, peut être même dans l'enfant (c'est une figure de style) en poussette qu'ils traînent à la #ManifPourTous pour grossir les statistiques. Et que comme pour les femmes et les noirs avant eux l'Histoire aplanira ces conneries, parce que la tolérance et la paix sont, bien avant la famille hétéro-parentale, les conditions de la Civilisation avec un grand C et un petit sourire moqueur à l'encontre des excitations passagères.